En France 20 juillet 2010
Risques et sanctions, enfin le soleil !
Un de nos camarades en activité a écrit un article dans un grand quotidien qui a déclenché un début de
polémique. A cet égard, sans revenir sur les faits eux-mêmes, je souhaite rappeler ce qu’écrivait le général d’armée André
Beaufre, grand serviteur de la France et des Armées et ensuite de notre Association comme Président, à propos du drame de 1940 : « Notre faute à nous les
subalternes, était d’avoir cru aux réputations, à la discipline intellectuelle poussée jusqu’au conformisme, de n’avoir défendu
nos idées que dans la limite des suggestions polies, d’avoir laissé les évènements dérouler leur impitoyable logique sans intervenir de façon efficace dans l’armée et dans
le pays ».
Certes nous ne sommes pas dans les années 30 mais que certains risques soient pris pourquoi pas !
« Au risque des mots » correspond d’un côté la récompense par le prix littéraire et de l’autre la punition,
brutale en dictature, raisonnée en démocratie. Donc pour un mot trop loin de l’un d’entre nous ne nous réfugions dans le silence d’une grande muette, si souvent stigmatisée,
au risque de ne pas participer aux débats, notamment concernant la stratégie ou les grands sujets de notre temps dont celui des valeurs.
« Le risque des balles » est autrement plus dangereux par définition. Il n’est plus l’apanage de tous les citoyens. Selon
Patrick Besson, frappé par les pertes en Afghanistan, il est celui des « prolétaires » écrit-il dans une chronique
mi-amusée, mi-désespérée (?) de l’hebdomadaire « le Point ». Je réagis en lui rappelant que dans la Rome antique les prolétaires étaient exempts d’aller à la
guerre ! La « Culture », celle du Général, se perd ou peut-être sommes-nous plus près de la Rome décadente que de la Rome antique ?!
De plus en plus de soldats, de plus en plus d’officiers, de plus en plus de généraux, n’en déplaise à
certains, auront connu le « risque des balles ». Ainsi se cultivent dans l’adversité, de fait plus facilement que face au désert des tartares, des valeurs dont
notre pays a besoin et qui ne doivent pas disparaître. « Le Courage »,
« l’Honneur », « l’Espérance » sont trois maîtres mots que j’ai entendus ou lus ces dernières semaines et qui résonnent avec une insistance
alarmante. Marcel Bigeard, Claude Leborgne, Hélie de Saint
Marc, en acteurs et en témoins de notre temps nous délivrent encore ce message qui sera une sorte de « pierre de Rosette » pour les générations futures si
nous n’y prenons pas garde !
Alors ne nous laissons pas aller à la morosité générale, à l’individualisme un peu lâche et à la simple
critique stérile !
Pour conclure sur le soleil je veux évoquer la « Saint-Cyrienne Sénégal ». Pour avoir séjourné, à son invitation, fin juin à Dakar, je peux affirmer que notre sœur est
remarquable par ce qu’elle représente comme cohésion de toutes les générations de Saint-Cyriens sénégalais, de dynamisme dans ses activités et d’attachement à l’Ecole. Là encore, n’en déplaise aux contempteurs de la France, les liens entre notre pays et le Sénégal sont d’une nature
exceptionnelle, bien au-delà des aléas du moment que l’amitié sait et doit supporter. Merci amis Sénégalais, anciens ou élèves de la Spéciale, pour l’exemple que vous
donnez, le courage, l’honneur et l’espérance vous guident. « On nous tue, on ne nous déshonore pas »,
telle est la devise de votre Armée qui combat pour la défense de l’unité du Sénégal et la paix dans le monde et actuellement dans le Darfour.
Le 24 juillet ce sera le Triomphe de la promotion « Lieutenant Carrelet de Loisy » et le début d’une
grande aventure. Je reprends alors la dernière phrase de Claude Leborgne dans le Casoar de juillet : « Mais, jeunes gens, je vous le demande, les métiers
possibles valent-ils d’être vécus ? ».
Général de corps d'armée (2S) Dominique Delort
Promotion Lt-colonel Brunet de Sairigné (67-69)