SPECIAL AFGHANISTAN
Le texte qui suit vient d'être relayé par la Saint-Cyrienne (forum) et bénéficie de sa
diffusion
Remarque préalable
Depuis quelques jours j'ai envisagé la rédaction d'un article sur l'Afghanistan. J'ai hésité à le mettre en ligne sur mes blogs, compte tenu de ce que mon
sujet favori est le Cap-Sizun. Je viens de recevoir un message du Président de la Saint-Cyrienne intitulé: Dignité,
Indécence qui traite des évènements. Souhaitant exprimer ma solidarité à mes camarades à l'aide des modestes moyens d'expression que sont mes blogs, j'ai décidé de franchir le
pas. Ne disposant pas du droit de reproduction, je ne publie pas le texte de la Saint-Cyrienne.
http://www.saint-cyr.org
Je publierai donc seulement mon point de vue personnel et je demande à mes lecteurs habituels de bien vouloir me pardonner pour ces propos hors -sujet en Cap-Sizun. Hors sujet,
pas si sûr...
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Les événements qui viennent de se dérouler en Afghanistan, m’ont brutalement replongé dans mes jeunes années au cours desquelles, comme tous mes camarades de
promotion, j’ai été mêlé et confronté des situations similaires. A l’issue de ma formation dans les écoles militaires, j’ai été amené à servir en Algérie, de 1955 à 1960 et de 1961 à 1963,
soit durant presque 7 années, majoritairement pendant la période pudiquement qualifiée de manières diverses (exemples: maintien de l’ordre, pacification) avant d’ être appelée par son nom: la
guerre. En Oranie comme dans les Aurès ou à Alger, j’ai vu un certain nombre de choses, connu l’épreuve du feu, et servi les armes de mon pays dans le respect des principes qui m’avaient été
enseignés, tant à Saint-Cyr -Coëtquidan qu’à Saint Maixent. On apprend dans ces écoles les principes fondamentaux du commandement, tant du point de vue technique, que du point de vue moral
et humain. Je n’en citerai que deux:
- Le chef responsable respecte ses hommes, ce qui lui donne le droit de les commander. En contre-partie, les hommes rendent au chef digne de ce nom, leur propre respect. Le commandement se déroule donc dans un système relationnel basé sur la confiance réciproque et les rapports humains
- L’aboutissement du métier de soldat est le combat qui se déroule à tirs réels, entraînant parfois des pertes inévitables. Le soldat peut tuer, au risque d’ être lui-même tué, et ce sans distinction de grade. Confronté à cette situation, le chef responsable est tenu de rendre hommage à ceux qui sont morts sous ses ordres, et d’apporter son réconfort aux familles des victimes
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A mon époque on parlait de guerre révolutionnaire, qui bénéficiait parfois de certains soutiens intellectuels. Aujourd’hui on parle de G4G, guerre de quatrième génération, dans lesquelles le "faible", ou prétendu faible utilise face à des moyens sophistiqués, des moyens rudimentaires, baptisés "IED", de l’expression américaine: improvised explosives devices, comme engins explosifs improvisés. J’ai connu les obus piégés explosant au passage d’un véhicule et la bombe explosant avec retard dans un bec de gaz. Le procédé est le même, avec plusieurs variantes concernant le dispositif de déclenchement: horloge, à vue, programmateur etc...
L’embuscade fait également partie des procédés: elle consiste à attaquer l’adversaire sur un terrain favorable préalablement choisi. Comme dans tous les cas de combat, le corps à corps est la suite logique de l’embuscade qui se termine généralement par l’assaut final. Au cours de cette phase il est rare que les règles élémentaires soient respectées, le "faible" (prétendu faible) aimant se procurer à bon compte des armes, des matériels divers et même des objets personnels. Ceci est contraire toutes les prescriptions de la convention de Genève et à toutes les lois de la guerre.
Mais le "faible" cherche à faire parler de lui, et tous les procédés sont bons pour y parvenir. Il trouve parfois des complaisances. Hier action psychologique, aujourd’hui médiatisation, qu’importe l’appellation. La recherche de l’horreur n’est pas exclue pour attirer l’attention des médias. Il me semble inutile de préciser davantage. Selon certains, ce n’est qu’un procédé.
Ensuite les morts reçoivent les honneurs qui leur sont dûs, avant d’être rendus à leurs familles. Jusqu’où a t’on le droit d’aller dans la relation avec les
familles qui souvent, demandent la vérité et veulent tout savoir sur les derniers instants de leurs proches. Personnellement, chargé d’accueillir une maman qui venait de perdre son fils au
combat, j’ai choisi le pieux mensonge. Je ne le regrette pas. Pourquoi faudrait-il tout dire ? Le respect dû aux familles implique à mon sens l'exclusion de tout voyeurisme et tout
exhibitionnisme, par respect pour le mort et pour sa famille. Cela fait partie de la déontologie du commandement, exercice de la responsabilité. Pourquoi ajouter des détails indécents à la
douleur ? L’armée est une grande famille, au service de son pays donc du pouvoir légitime qui décide de ses missions comme de ses engagements. En contre-partie, le pouvoir légitime doit fournir
les moyens nécessaires et appropriés pour permettre l’exécution de la mission, la bonne exécution de la mission étant tributaire des moyens qui lui sont affectés. L’armée ne choisit pas ses
missions, elle les exécute conformément à la définition donnée par Alfred de Vigny qui présente la profession comme étant faite de grandeur et de servitude. Dans sa longue tradition, l’armée et
ses chefs responsables savent mieux que personne ce qu’il convient de faire, en toutes circonstances, car ils savent que demain ils peuvent se retrouver personnellement dans la situation de ceux
qui ont servi dans la grandeur, jusqu’à la servitude .
Spartacus ( nom d'un esclave romain révolté)
Additif en date du 9 septembre 2009:
Copie d'une lettre adressée à Paris-Match par Thierry Dathis, ancien journaliste
Publiée avec l'autorisation de l'auteur
. à Paris Match
CV
Né le 23 février 1940 Nantes (Loire-Atlantique)
Marié, trois enfants
7, avenue Gaugé,
78220 Viroflay
Tel : 01 30 24 08 07
Port : 06 86 82 86 59
E-Mail :
« Pupille de la Nation »
Chevalier dans l’Ordre National du Mérite
Diplômé du CHEAr (Centre des Hautes Etudes de l’Armement, 26 me session-promotion 89-90)
Ancien Vice-Président de l’Association Professionnelle des Journalistes de l’Aéronautique et de l’Espace, AJPAE
Responsable pour l’Ile de France de l’association d’anciens parachutistes
« Qui Ose Gagne et anciens du 6 » dont le si ge est Bayonne. (1400 adhérents)
Membre de l’UNP (Ancien du 6 me RPIMa- 1962-1964)
Trente huit ans d’expériences et de responsabilités journalistiques dans la presse écrite, parlée et dans la communication en entreprise. (AIR FRANCE, LE FIGARO, VSD, EUROPE 1, RMC, RTL…)
Nombreux reportages ( presse écrite ou radio l’étranger. USA, Allemagne, Afrique…)
Spécialiste des questions aéronautiques et de défense.
A participé aux travaux du rapport sur l’intelligence économique initié par le Plan et publié en 1994. A écrit dans le Figaro les premiers articles sur ce th me.
EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE
Depuis 2001 En retraite. Conseil en communication.
1999-2000 Machu Picchu Communication (responsable de la stratégie)
1987-1999 LE FIGARO
1986-1987 VSD
Rédacteur en Chef
SPECIAL-DERNI RE
Chef d’Edition
RMC
Chef de Service Informations Générales
1982 AIR FRANCE
Chef du service de la presse nationale
1974-1982 RTL
1970-1974 LE FIGARO
1969-1974 EUROPE 1
1964-1969 POINT DE VUE-IMAGES DU MONDE
Stage « Aviation Magazine », reportages sur le vol voile
1960/1961 Centre de Formation des Journalistes (CFJ) rue du Louvre
1950/1958 Etudes secondaires et pensionnaire au Coll ge d’Avon. Le coll ge de Louis Malle.
AUTEUR
AUTEUR
A écrit sous l’autorité de Louis Pauwels une encyclopédie Plan te sur l’alchimie (1964), et deux livres, l’un concernant la navette spatiale sous l’autorité de Albert Ducrocq et l’autre sur la premi re guerre du Golfe en collaboration avec Jean-Paul Croizé du Figaro (1990) « Golfe : La Guerre Cachée. » Ed J.P.
----- Original Message ----- From: To: Sent: Friday, September 05, 2008 9:42 PM Subject: Lettre de Thierry d'Athis adressée à la direction de Paris Match
Message adressé aux différents responsable de PARIS-MATCH par Thierry d’ATHIS ( voir CV joint)
Vous pouvez publier ma réaction ou la transmettre à qui de droit ...
Je suis sûr que vous n'oserez jamais publier ma réaction dans votre journal.
J'en fais le pari...
CHICHE!
Messieurs,
Ayant très bien connu plusieurs de vos collaborateurs, rédacteurs, grands reporters ou photographes, certains sont encore mes amis, j'avais une certaine admiration pour l"esprit "PARIS-MATCH"...
Aujourd'hui, je tombe des nues... Je rêve... C'est terrible... Vous êtes devenus fous... Comment avez-vous perdu tout sens moral, tout sens éthique...
Ayant une double légitimité à vous écrire ( journaliste à la retraite - Europe 1, RTL, Le Figaro... et ancien parachutiste- lire mon cv ci-joint) je vous transmets mon profond dégoût, ma répulsion et mon mépris total suite à l'incroyable "reportage" que vous avez publié concernant ces "talibans".
Aucune justification que vous avez émise depuis la parution de votre " torchon" ne tient un seul instant la route.
Non seulement vous avez complètement trahi l'éthique professionnelle ( si elle existe encore! ) en vous faisant totalement (malgré vos dénégations) les complices ( ils sont maîtres de ce type d'opérations) de ceux qui ont tué nos compatriotes ( Imaginez un seul instant une interview du même type à l'époque de la guerre d'Algérie...) mais vous avez également commis un acte de trahison.
Je l'affirme haut et fort. Vous avez trahi votre pays et vous en méritez les conséquences. Si ce mot bien sûr a encore une valeur aujourd'hui.
Votre campagne de "pré-vente" a été remarquablement orchestrée ( c'est un comble !!!) . Il vous fallait, en plus, "vendre" à tout prix ... Il vous fallait faire du tirage sur ce thème... Bravo ! Chapeau ! Vous ajoutez l'abject à l'abject...
J'ai écouté ( sur Europe1 entre autres supports ), les explications de votre photographe ( la pauvre... elle bafouillait un charabia incompréhensible... Elle semble être un pauvre pantin manipulé...)
Comment croire un seul instant que vous ayez pu contrôler cette opération. Vous êtes des irresponsables. L'acte que vous avez commis est immonde. J'ai honte de me dire journaliste aujourd'hui... Et en plus vous parlez d' "ETHIQUE"... C'est à pleurer. Déjà, j'avais trouvé votre précédent N° assez choquant. Comme d'habitude vous avez du rétribuer ces pauvres familles en leur demandant de vous fournir des documents personnels. Vous appelez cela "Faire de la RECUP" N'est-ce-pas ?
J'imagine la réaction de Jean-Pierre Biot, votre ancien photographe ancien para comme moi...
Paris-Match, est devenu aujourd'hui le choc de la Honte et le choc de l'Imposture.
Je ne lirai désormais plus jamais votre magazine...
Je vous transmets mon plus profond dédain.
Thierry d'Athis |